L'ENFANT ET LE MAÎTRE D'ÉCOLE
JEAN de LA FONTAINE
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Dans ce récit je prétends faire voir D'un certain sot la remontrance
vaine. Un jeune enfant dans l'eau se laissa choir, En badinant sur les
bords de la Seine. Le Ciel permit qu'un saule se trouva, Dont le
branchage, après Dieu, le sauva. S'étant pris, dis-je, aux branches de ce
saule, Par cet endroit passe un Maître d'école. L'Enfant lui crie : "Au
secours ! Je péris. " Le Magister, se tournant à ses cris, D'un ton fort
grave à contretemps s'avise De le tancer : "Ah! Le petit babouin !
Voyez, dit-il, où l'a mis sa sottise ! Et puis, prenez de tels fripons
le soin. Que les parents sont malheureux qu'il faille Toujours veiller à
semblable canaille ! Qu'ils ont de maux ! Et que je plains leur sort ! "
Ayant tout dit, il mit l'enfant à bord. Je blâme ici plus de gens qu'on
ne pense. Tout babillard, tout censeur, tout pédant, Se peut connaître
au discours que j'avance : Chacun des trois fait un peuple fort grand ;
Le Créateur en a béni l'engeance. En toute affaire ils ne font que
songer Aux moyens d'exercer leur langue. Hé ! Mon ami, tire-moi de
danger : Tu feras après ta harangue.
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